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Garou - 33 .1- La femme à la robe rouge sang

Rapport
1999-08-23



La femme à la robe rouge sang 


Ludwig arrivait en moto à la tanière et était accueilli par le chien qui faisait la course avec lui jusqu’à la porte d’entrée. Il avait ralenti volontairement sur les derniers mètres pour laisser gagner le chien et celui-ci finit par l'attendre fièrement sur le pas de la porte avant de laisser échapper deux petits aboiements de satisfaction. Ludwig descendit alors de sa moto, posa son casque sur le guidon, puis félicita le chien en lui secouant tendrement les babines.

Moi aussi j’avais entendu la moto de Ludwig et je descendis  les marches de l'escalier quatre à quatre avant de sauter à pied joint sur le rez-de-chaussée en criant « Tadaaaam ! ». Je partais pour Tijuana avec mon frère et j’étais ravi et excité de pouvoir partager ce moment avec lui. J’avais opté pour la tenue parfaite à notre petite excursion : des bottes de moto, un bas de survêtement, une chemise à fleur et un superbe sombréro !  

Artyom : « Je suis prêt pour TIJUANA mon frère, aïe ya aïe !! »

Ludwig essaya de se contrôler pour ne pas me vexer mais il ne put s’empêcher de lâcher un petit rire nerveux et étouffé.

Ludwig : « ha ben je vois oui… mais on va faire de la moto Artyom pour le sombrero je ne suis pas sur… » 

Artyom : « ha c’est dommage, je n’étais pas convaincu au début mais finalement je trouve ça pas mal … »

Ludwig : « c’est vrai qu’on va au Mexique, mais ça va faire un peu beaucoup le chapeau, désolé Artyom … par curiosité, vas-y, dis-moi comment tu as choisi ta tenue ? »

Artyom : « Ben enfin, c’est évident non ?… Les bottes pour faire de la moto ; le pantalon parce qu’on va danser, la chemise c’est pour être classe comme toi et le chapeau je ne savais pas trop, alors j’ai demandé aux filles ce que les mexicains aiment comme chapeau et elles m’ont dit que c’était les sombréros… »

Ludwig : « ha ben oui, c’est d’une logique implacable en fait … mais ça ne va pas le faire, désolé Artyom. On a encore du boulot niveau socialisation et style vestimentaire ; mais on y arrivera ne t’inquiète pas … allez, viens, on va choisir ta tenue ensemble. »

Après avoir dédicacé ma nouvelle tenue conseillée par Ludwig, nous nous mettions enfin en route pour une nuit de fête !!!!

La nuit était tombée quand nous arrivâmes à Tijuana et les lumières défilaient telles des lucioles qui me rendaient ivre de liberté. J'adorais cette sensation et j'aurais voulu que Ludwig aille encore plus vite sur son bolide de métal, dans ses rues colorées. L'air était chaud et la nuit avait ce parfum suave et épicé qui n'existait pas sur Oceanside et qui me plaisait bien. 

A l'arrière de la moto de mon frère, je regardais défiler les rues animées de cette ville bruyante et agitée aux sonorités étranges et fiévreuses. Cela dura un moment avant d'être sortit de ma fascination par la voix de Ludwig.

C'est ici ! me lança-t-il avec joie tout en garant sa moto près des badauds qui discutaient, buvaient et fumaient devant ce bar au couleur bariolé et à l'odeur de fumée prononcée. La devanture était rouge, verte et noire et sur une pancarte au-dessus de là était inscrit "1920 Speakeasy Bar". 

Descendant de la moto, je regardais circonspect toute cette agitation dans ce bâtiment, mes sens étaient saturés alors que je n'étais pas encore rentré à l'intérieur, la musique était forte, leurs odeurs aussi et cette fumée qui me brûlait la gorge et me piquait les yeux. Je n'avais pas trop envie d'avancer.

Ludwig : « Allez viens Artyom ! Rentre, ne fais pas ton timide ! Tu verras ça va bien se passer. » 

J'hésitais un moment, puis je pris sur moi, comme si je rentrais dans l'antre de quelques ennemis prêts à bondir sur moi. J’étais sur la défensive, mais une fois à l'intérieur du bar l'ambiance me happa rapidement. Les murs étaient en brique rouges et les éclairages feutrés rendaient le lieu intimiste, un écrin étrange d'un monde heureux et effervescent qui me donna presque le tournis. Comme saoulé par tant de stimulations, je perdis un instant ma vigilance et tout défila. Je vis des cigarettes au coin de lèvres rouges pulpeuses, des ongles manucurés posés sur un verre de Sangria, des yeux noirs qui se plissaient de joie suivi d'éclats de rire tonitruants. Les bruits de verre qui s'entrechoquaient, des mots aux sonorités exotiques et des débits de paroles sonores et rapides me plongeaient dans une ambivalence entre méfiance et bien être. Devais-je lâcher prise ou rester sur mes gardes ? J’étais comme perdu dans un royaume de l’Umbra inconnu... Et la musique, forte, si forte, qui frappait le sol tel un marteau. Les guitaristes grattaient leurs cordes de guitares avec ferveur et passion, leurs mains frappaient même parfois les caisses des guitares ; les pieds des danseurs flamencos tapaient de frénésie et leurs voix s'entrechoquaient avec la mélodie. Ce rythme semblait posséder tous les corps qui se mouvaient dans une même transe au milieu d'une humidité chaude et des odeurs de sueurs et d'alcool. Les musiciens, posés sur une estrade, le visage trempé, crispé, concentré, versaient tout leur cœur dans chaque note jouée. 

Parmi eux émergeait une danseuse aux cheveux de jais. Coiffée avec de véritables roses rouges harmonieusement enlacées dans sa chevelure fluide, elle se mouvait avec la grâce et la fierté d'une reine, ses mouvements amples et sensuels dans sa robe rouge et noire me faisait penser à la beauté inquiétante d’une lune rouge dans la nuit noire. La contorsion de ses mains faisait tordre les corps; l'expression de ses traits allumaient les regards et le claquement ferme de son talon sur le plancher faisait battre la chamade aux cœurs des occupants des lieux. Cela ne faisait aucun doute, elle était l'âme et le cœur de ce bar, nous étions chez elle!




Je me frayais un chemin dans la foule presque hypnotisée par ce spectacle quand un serveur passa et me bouscula "Hi Hombre, installez-vous, je suis à vous dans un instant ! " Puis, il disparut comme il était venu dans la foule avec son plateau remplit de verres vides. Je regardais seulement à ce moment-là Ludwig dont j'avais oublié l'existence un instant ; d’ailleurs il m'observait d'un air amusé.

Ludwig : « Alors, l’endroit te plait ? »

Artyom : « Heuu je crois oui! » Répondis-je bêtement.

Ludwig : « Viens suis moi, j'ai quelqu'un à te présenter ! » 

Nous nous frayâmes un chemin parmi la foule et arrivâmes au bar où Ludwig salua la barmaid d'un baiser qu’il fit dans le creux de sa main et qu’il souffla ensuite dans sa direction. La barmaid, qui semblait avoir remarqué Ludwig dès son arrivé dans le bar, fit semblant d’attraper le baiser de Ludwig et la plaça sur sa poitrine au niveau de son cœur. Ce devait être la coutume ici, je pris exemple sur Ludwig et fit la même chose mais j’avais dut souffler trop fort car elle ne parvint pas à attraper le mien, elle se contenta de lever la main pour me saluer. Quelques secondes plus tard, cette jolie barmaid s’approcha de nous, ou plutôt de Ludwig car elle se pencha au-dessus du bar pour l’embrasser langoureusement, sous mon regard médusé.... 

Je ne savais pas que Ludwig connaissait aussi bien Tijuana !!!

Je m'approchais timidement de la belle, la tête baissée.

Ludwig: « Maria, je te présente Artyom, c'est comme un frère pour moi ! Artyom, je te présente Maria Rodriguez Vargas»

Artyom baissant le regard: « Enchanté Madame Rodriguez, je suis heureux de vous connaître » 

Maria : « Moi aussi amigo, bienvenue au "1920"... mais arrête tes conneries, Madame Rodriguez c’est ma grand-mère ! Appelle-moi Maria, ok ? … T'as un prénom exotique toi, tu viens de quel pays ? »

Artyom : « Ha heuu ok… je suis originaire de Russie, mais j'ai vécu à Las Vegas! »

Maria : « Ah ouais ?! T'as plutôt l'air coincé pour un gars de Las Vegas ! Allez, tiens, prends un verre et détends toi, tu sais ici on est là pour faire la fête et oublier ses soucis. Et puis les amis de Ludwig sont mes amis, alors goute moi ça Tipo, tu m'en diras des nouvelles ! »

Artyom: « Si on peut oublier son passé, alors je suis preneur ! » 

Maria repartant servir des verres : « Haha ! non, moi je t’offre juste le verre, hombre !... A tout de suite les garçons ! »

Je bus le shot d'un coup sec puis toussa un peu sous les rires amusés de Ludwig et de son voisin de bar.

Inconnu: "Ah, ça fait toujours ça la première fois muchacho ! Sírveme otro Peligrosso, Maria !!’’ lança-t-il une voix quelque peu transformée par l’ivresse.

L’inconnu, frappa bruyamment sa chope sur le comptoir et sembla appeler Maria dans sa langue natale. Maria lui fit un regard noir et rabroua l’inconnu dans cette même langue. Celui-ci se calma immédiatement et baissa la tête en attendant son tour.

Ludwig essayait de me parler mais sa voix avait du mal à percer le volume sonore de l’environnement. De ce que j’avais pu comprendre, en me réservant un verre, il me conseillait de bloquer ma régénération afin de profiter pleinement de l’expérience. La bouteille qu’il tenait était bizarre, un scorpion semblait s’être noyé dedans. Mais passé le premier verre, je trouvais ce breuvage délicieux ; tant et si bien que je me resservi plusieurs fois. 

Artyom : « Hey, Ludwig comment ça s’appelle cet alcool ? »

Ludwig : « Ils appellent ça du Mezcal … ne t’inquiète pas c’est naturel, c’est fait à base de plante tu risques rien… c’est fait à base d’Agave très exactement. »

Je vidais un nouveau verre et demandait à Ludwig : « …et le scorpion mort à l’intérieur ? …c’est pourquoi ? »

Ludwig : « Haaa, ça mon frère, c’est pour impressionner les filles ! »

Artyom : « Ha bon ? et ça marche ? »

Ludwig : « hahaha, Non ! …mais je suis sûr que ton voisin de droite est convaincu que ça fonctionne ! »

Mon voisin de bar, me toisait et semblait me regarder d’un air impressionné. Il me montra son pouce tendu vers le haut et me mit une série de petite tape amicale dans le dos. Ne sachant comment réagir, je vidais une nouvelle fois mon verre.

Maria: « Hey doucement Artie, à ce rythme-là tu vas finir comme Carlos à côté de toi ! »

Maria se retournant vers l'homme à côté de moi : « Quant à toi Hombre ! Tu devrais ralentir la cadence, c’est ton sixième verre en seulement une demi-heure. » Indiqua d’un air sévère la belle mexicaine derrière le comptoir.

Carlos prenant Artyom et Ludwig à partie: ‘‘Et qu’est-ce que je suis sensé faire d’autre dans un bar ? pas vrai les mecs ? Un bar, c’est fait boire non ?! Hic!’’

Maria : ‘‘Peut-être, mais pas pour s’y saouler à une heure tardive alors qu’on a un commerce à faire tourner et une femme et des gamins qui t'attendent à la maison! Allez Carlos, soit raisonnable… rentre chez toi !’’ Rectifia Maria en reprenant sa tâche d’essuyer et de ranger ses autres verres.

Carlos : "Ouai, ouai, faut bien lâcher la pression parfois, vous n’êtes pas d'accord les gars ?"

Ludwig acquiesça d'un signe de la tête, tout en lançant un rire qui en disait long sur ce qu'allait être sa soirée. 

Ludwig en s’adressant à Carlos: « … mais nous on est célibataire mon gars ! la nuit nous appartient ! …toi en revanche, tu devrais écouter les conseils de cette barmaid avisée… »

Carlos, l’air renfrogné, réfléchie une minute aux paroles de Maria et Ludwig, puis après avoir regardé son verre  vide, il lança quelques billets sur le comptoir et quitta le bar sans dire un mot.

Ludwig en profitât pour sortir une petite boite en métal de sa poche.

Ludwig: « Hey Artie ; ça te dit de pousser un peu plus le truc ? »

J'esquissais un sourire un peu distant car j'étais comme hypnotisé par la danseuse flamenco qui virevoltait sur l'estrade, tant et si bien que je ne faisais presque pas attention à la proposition de Ludwig. Ludwig prit une graine dans la boite et la plongea dans mon verre. La graine remonta à la surface et finit par éclore comme un anis étoilé avant de complètement se dissoudre dans le verre.

Je pris sans m'en rendre compte, une bonne lampée dans mon verre qui me fit en un instant tourner la tête. Pourquoi étais-je si attiré par cette femme ? Je ne m'intéresse pas aux humains d'habitude. Enfin bref, j'essayais de ne plus y faire attention et les discussions allaient bon train avec d’autres personnes qui avait pris la place de Carlos au bar. 

Victoria, ma nouvelle voisine de bar, me racontait le drame qu’elle avait vécu avec le cartel qui sévissait ici ; son ex-mari travaillait pour eux visiblement et avais été tué par la DEA lors d’un transport aux Etats-Unis. Une histoire triste à mourir, et bien que je ne l’écoutais que d’une oreille, la jeune veuve avait l’air d’apprécier ma compagnie. Seulement du moment où j’ai commencé à lui parler de de mon futur Mariage avec Blue, elle quitta le comptoir d’un air furax en disant des trucs incompréhensibles en espagnol… Les humains sont difficiles à cerner parfois, je ne sais pas comment fait Ludwig !

Alors que j’étais en pleine réflexion sur ce qui venait de se produire, j’aperçus Maria attraper Ludwig part le col et de tout son élan possible, elle lui colla une magistrale claque avant de l’insulter copieusement en Espagnol ! Ludwig n’avait même pas cherché à se défendre et regardait Maria avec compassion. Maria s’arrêta un instant, elle le fusilla du regard, puis sortie un stylo de la poche arrière de son Jean, le déposa dans son verre en lui lançant une phrase du genre « Espero que estés orgulloso de ti mismo, idiota ! ». Maria était comme possédée par la sévérité de Charlie et la rage de Waban.

Artyom : « ça va Ludwig ? … ils se comportent bizarrement les humains ici non ? »

Ludwig ne me répondait pas, il avait les yeux fixés sur cet étrange stylo et arborait un visage indescriptible. Il semblait à la fois heureux et paniqué. Malgré toute les odeurs du bar, je percevais une légère odeur d’urine qui s’échappait du stylo.

Artyom : « Ca va mon frère ? Maria a uriné sur ce stylo pour pouvoir le retrouver ? elle a marqué son territoire ? »

Ludwig échappa un petit rire nerveux : « haha, oui, quelque chose du genre… Maria me l’a bien fait comprendre… c’est un test de grossesse… Je vais être papa Artyom ! »

Artyom : « Ben c’est super ça ! Pourquoi elle t’a giflé alors ? Elle n’est pas contente ? »

Ludwig : « Ho ! Rien d’étonnant… il se pourrait bien que je l’ai un peu provoquée… et puis c’est fou comme je la trouve sexy quand elle est en rogne. »

Artyom : « Humains ; Homidés ; définitivement vous êtes de véritables énigmes pour moi… »

Heureusement, la plante de Ludwig avait fait son effet, j’étais étrangement détendu. Ludwig suivit Maria dehors pendant qu’elle prenait sa pose et me laissa seul un bon moment au bar. La soirée avançait bien et la bouteille de Mezcal était presque vide quand Ludwig et Maria revinrent à l’intérieur. Le maquillage de Maria avait coulé, elle avait probablement pleurée, mais elle semblait moins en colère. 

Ludwig était étrangement silencieux et je m’étonnais moi-même à faire la conversation à Maria. Elle était plutôt sympa et me racontait un peu son parcours de vie et quelques anecdotes du bar plutôt marrantes. Elle me raconta sa rencontre avec Ludwig et je lui parlais de la mienne avec Riley. Elle eut un regard tendre qui en disait long sur Ludwig puis elle se reprit et la minute suivante elle le regarda d’un air sévère.

Maria : « Vous avez bien de la chance avec Riley, profitez bien de ces moments, ils sont précieux. Elle a l'air sympa ta petite amie, faudra que tu l'emmènes à Tijuana un de ces jours, on pourrait se faire une virée ensemble tous les trois …ça laissera à Ludwig un peu de temps pour aller voir ses putes ! »

Ludwig prend la main de Maria, lui chuchote quelques mots à l’oreille, puis sort du bar.

Maria : « Rrrr ; mais il m’énerve avec ses phrases mystérieuses à la con! …mais je n’arrive pas à réellement le détester ! c’est quand même dingue ça ! »

Artyom : « Tu sais, Ludwig est vraiment une belle personne. Il m’a beaucoup aidé à trouver ma voie et même s’il ce qu’il te dit ne trouve pas résonnance dans ton cœur aujourd’hui, cela viendra, tu verras… c’est un shaman, tu dois l’écouter, c’est le plus sage d’entre nous… »

Maria : « ha ! mais tu ne vas pas t’y mettre toi aussi ! »

Artyom : "Non, c’est vrai, tu as raison, revenons à des choses plus terre à terre ! …Oui, j’accepte ton invitation ; je pense que Riley t’apprécierait beaucoup mais, tu sais, elle est comme moi, la foule ce n’est pas trop son truc ..."

Maria : « Mais tu crois qu'il n'y a que des bars, ici Artie ! Ne t’inquiète pas, je te ferais voir des coins qui te laisseront le souffle coupé, si tu reviens. »

Riley ne m'avait jamais autant manquée qu'à ce moment-là mais la femme à la robe rouge semblait me lancer des regards insistants que j'essayais d'éviter. Les musiciens firent une pause laissant l'effervescence redescendre un peu. La femme à la robe rouge s'était accoudée seule contre un mur fumant une étrange cigarette plus longue qu'à l'accoutumée et cela ne faisait plus de doute ; elle me fixait du regard.

Artyom : "Dis, Maria, la danseuse de flamenco, c’est qui ? elle n’arrête pas de me regarder…"

Maria éclata de rire : « Quelle danseuse ! Je crois que t'as un peu trop forcé sur le Mezcal, Artie ! » 

Que se passait-il ? Pourquoi Maria ne voyait pas cette danseuse pourtant haute en couleur.

Ludwig revient au bar un peu décontenancé : « Heu Art ?! t’as vu le Rat'Gang par ici ? je viens de voir leur fourgon à l’extérieur. »

Artyom : « Attend, Attend, Ludwig, dis-moi que tu la vois toi aussi ?! » 

Ludwig : « Que je vois quoi ? »

Artyom : « Mais si regarde ! là bas ! dans le coin, la femme avec la robe rouge et la longue cigarette, lui montrant du doigt sa position "

Ludwig : « Art, je ne vois rien… j'ai peut-être trop forcé sur la dose de plantes, en même temps c'est les restes de Woodstock, ce millésime est signé Moonshine ; vu ce qu'elles ont fait sur Tay ; ça reste puissant ... t’inquiètes, ça va passer Art ! (Ludwig chuchote) réactive ta régénération si tu ne te sens pas bien"

Maria "Tu devrais lui faire prendre l'air, il n’a pas l'air bien ton pot " 

Ludwig: "Allez viens Artyom , on va sort... Putain , mais il est passé où ?"

J'avançais vers la femme qui se retourna à mon approche et me sourit.

Artyom : "Arrêtez de me regarder ! Vous voulez quoi ?"

Elle déblatéra un charabia en espagnol puis ses mots s'insinuèrent dans ma tête. "Artyom , venga me, hijo de la muerte ! Baila conmigo, mi amor y despues matémoslos a todos "

Sous les musiques entrainantes du bar et pris dans un élan incontrôlable nous dansâmes elle et moi une danse fiévreuse et endiablé , sous les yeux des gens du bar en liesse ou abasourdi par la scène de ces deux personnes qui dansaient. Les gens formèrent un cercle autour du couple.

Pendant qu’on dansait, j'étais comme en transe, possédé et je n'entendis pas la porte du bar s’ouvrir pour laisser entrer des hommes armés, l’air préoccupé mais aussi prêt à en découdre.

A la fin de la danse, je réalisais que je ne dansais pas avec la femme en rouge qui s'éclipsa sous mes yeux comme un rêve mais avec une jeune femme souriante mais qui n'était autre que la femme du chef local du cartel : Lucinda Velazquez

Je ne me rappelais pas comment tout ça avait commencé et comment nous finîmes dehors avec ces débiles locaux. Mais tout à coup ma lucidité revint et je me vis dans la ruelle, un nabot latino à la coupe militaire qui m'accosta et me poussa. Ludwig et Maria venaient de sortir du bar et me regardaient inquiet.

Le nabot : « T'es qui toi ?! Je ne t'ai jamais vu ici ! »

Artyom : « Ben, si on te demande, tu répondras que tu ne sais pas »

Le nabot : « Ah tu veux jouer au plus malin hein hijo de puta !? Vous entendez les gars. Mr le danseur ne tient pas à la vie visiblement.

Dans la meute, on m'a souvent dit que la diplomatie n'était pas mon fort et que j'étais parfois impulsif...Je crois que finalement, ils avaient raison. Ma réponse n'avait pas plus à ce nabot mal fagoté. Il avait quand même pris sur lui, probablement à cause des vingt centimètres qui nous séparaient lui et moi ou bien à cause de mon regard noir plein de ténèbres à ce moment-là. Pourtant, il s'était cru obliger de m’insulter ce troll de bas étage ; ce n'était pas du tout la soirée pour m'énerver.

Le nabot : « Tu ne sais pas qui je suis ? Estúpido ! » 

Artyom : « Non et je m'en bats les couilles, si tu veux tout savoir!

Le nabot : « Et mes potes, tu ne sais pas qui ils sont? »

Artyom : « Des gars plus grand que toi, c'est ça le mystère ? »

Le nabot avait mis sa main dans sa poche et Ludwig s'était rapproché de moi, craignant que l'autre débile ne sorte un flingue ou peut être que je ne déchire le voile…. J'aperçus la femme en rouge marcher au milieu d'eux mais elle avait un tout autre visage. Celui de la mort. Je compris alors pourquoi, nous étions tous dans cette ruelle.

Mais le gars sortit un cigare aussi gros que lui était petit, sans doute pour compenser son minuscule attribut viril.

Le Nabot : « Je suis Ricardo Guerrero, du Club 666. »

Artyom : « Et ? »

Ricardo: « Haha… Nous avons un petit comique ce soir, ou un bouffon, je ne saurais dire."

Ludwig s'avança : « Voyons, messieurs, il s'agit là d'un malheureux malentendu, veuillez excusez mon ami qui n'a plus trop sa tête, vous savez l'alcool, la drogue... Il serait dommage que cette si belle soirée se finisse en bain de sang, soyons tous raisonnables et rentrons-nous calmement ; si jamais vous vous êtes senti offensé, je suis prêt à vous offrir vos consommations… » 

Je ne savais pas si Ludwig avait utilisé un don ou pas, mais il parvint à apaiser les tensions et tout le monde se calma un moment.

Artyom : « Tu sais que je t'entends tout ce que tu dis Ludwig, je n'ai pas toute ma tête, ah ouai, vraiment ! »

Ludwig me donnait un coup de coude complice pour que j’arrête de parler.

Ricardo : « On en reste là pour ce soir mais, toi mon petit gars, (en montrant Artyom du doigt avec son cigare) tu auras de mes nouvelles t’en fais pas…, si tu tiens à la vie de ta famille, cache-la ; loin, très loin ! »

Les hommes du cartel s'éloignèrent et finirent par quitter la ruelle.

Sur ces entrefaites, nous étions surpris par Maria qui sortait en trombe par la porte arrière du bar et qui chargeait énergiquement un fusil à pompe en hurlant quelques mots en espagnol.

Artyom : « Ouah ! non, c’est bon Maria… ils sont partis ! »

Maria : « Putain mais t'es un malade toi ! C’est des mecs du cartel !... Ils ne vont pas en rester là, je te le garanti … »

Ludwig : « ça va, ça va, on a trouvé un arrangement, ne t’en fais pas Maria… retourne à l’intérieur, on arrive… »

Artyom affichant un petit sourire sadique: "Ludwig… ne t’en fais pas, ils seront morts avant l'aube et ce ne sera pas à cause de nous ".

Ludwig : "Tu ne sais plus ce que tu racontes, réactive ta régénération va !"

Artyom : "C’est fait depuis un moment en fait, mais tu verras ce que je te dis ! "

Ludwig : "Ok mais viens avec moi deux minutes quand même, on va vérifier qu’ils se soient bien tirés"

Nous suivîmes leur piste un moment jusqu’à un parc non loin de là. Les hommes du Cartel s’étaient assis sur un banc public et semblaient attendre quelqu’un. Nous étions tapis dans l’ombre, enfin surtout moi, car Ludwig a des tas de qualités, mais niveau filature, il est aussi discret qu’un torero à un enterrement ; quand soudain, nous entendîmes une voix nous interpeller.

Inconnue : « Hoo salut les gars comment qu’ça va bien ?! »

Artyom : « C4 ?! Bien et toi ? Qu’est-ce que tu fais la ? »

C4 : « Ben tu sais, les livraisons, tout ça, tout ça… faut bien vivre de quelque chose hein ? »

Ludwig sarcastique : « ouai, c’est ça, on va vous plaindre, c’est sûr que papa Trankol à l’air d’être complètement fauché… »

C4 : « ha ouai ? tu sais combien il a dans son coffre ? … a moi il ne me dit jamais rien… je bosse, je bosse et il a même pas voulu m’acheter la nouvelle paire de Jordan …j’aimerai trop, elles sont trop belles ! … et avec ça au pied, c’est sûr, la ptit Tyanara elle me tomberait dans les bras… »

Artyom : « T’es au courant que Taynara elle aime les … »

Ludwig interrompt Artyom: « Laisse tombé Art, il le sait oui… et sinon avec les vampires vous avez fait connaissance ? »

C4 : « Ha ben moi je ne sais pas, c’est papa qui s’en occupe des sangsues ; Splurtch et moi on bosse au resto en ce moment ! … hey, le style italien c’est pas facile à rénover, surtout qu’il y a des tableaux que papa a dit « vous, vous débrouillez comme vous voulez mais les tableaux vous y touchez pas, compris ! » ; tu sais comment qui fait avec ça grosse voix, tu sais… boh, si tu veux mon avis c’est des veilles croutes, mais bon, question de respect qu’il a dit… alors que moi qu’j’ai un super calendrier avec des nanas à poil dessus, franchement il aurait fait vachement mieux ! »

Artyom : « Un resto italien ? où ?sur Oceanside ? »

C4 : « Ben ouai, ya n’a pas 50 à Oceanside, c’est sur ça va marcher ! »

Ludwig un peu crispé: « C’est sûr, y’en a pas 50 comme tu dis… tu ne manqueras pas de dire à Trankol que nous nous ferons un plaisir de venir déguster vos pattes dès que vous serez ouvert… enfin sauf si l’inspection sanitaire ne vous autorise pas à ouvrir à cause de la présence de nuisibles… »

C4 : « ha ouai, tu sais un truc ? ya des cafards dans le quartier ? »

Ludwig : « non, laisse tomber c’était une blague … »

C4 : « ha ?! …j’l’ai pas compris alors … »

Artyom faisant un clin d’œil discret à Ludwig: « ce n’est pas grave t’inquiet pas, il ne sait pas les raconter les histoires Ludwig de toutes façons… »

C4 : « Ha ouai ?! Moi je les raconte super bien, écoute… c’est trois putes qui rentre dans un bar, la première commande une … »

Ludwig l’interrompt : « Ha, désolé C4 mais on n’a vraiment pas le temps-là, va falloir qu’on file, tu nous raconteras ton histoire une autre fois, ok ? … au prochain conclave par exemple, je suis sûr que tu trouveras un auditoire approprié… »

C4 : « Ha ouai ok ; ya Splurtch qui m’attend dans le van là-bas, de toutes façons, on a un job à finir et après on rentre… salut les mecs! »

Ludwig : « ouai, c’est ça… A+ »

Artyom murmure : « Tu sais que tu risques gros Ludwig ? Le jour où il a un éclair et qu’il comprend ton sarcasme, ça va faire mal… »

Ludwig murmure : « ça ne risque rien alors… quel carnage de dégénéré, j’te jure ! »

C4 s’éloignait pour rejoindre son frère quand j’aperçu à nouveau la danseuse de flamenco ; elle semblait suivre C4.

Artyom : « Attend ! La !! Regarde Ludwig, tu vois ?! »

Ludwig : « heuu, ouai… un idiot dans les rues de Mexico… »

Artyom : « Mais non la dans… ; ho puis laisse tomber… Attend voir une minute, ca m’étonnerai pas qu’elle se serve d’eux finalement … mais attend pourquoi tu parles de Mexico ? On est à Tijuana non ?»

Ludwig : « Pour la rime, Artyom ; pour la rime… »

Le Van du RatGang démarrait puis ralenti à proximité du banc public sur lequel Ricardo finissait son cigare. Soudain nous entendîmes une rafale d’arme automatique puis un crissement de pneu. Nous découvrîmes alors Ricardo et ses deux hommes de main baignant dans une mare de sang.

Ludwig : « Barrons-nous d’ici ! … c’est vraiment des dégénérés ces rats... »

Artyom : « Ce n’est pas de leur faute, je te l’avais dit … c’était des morts en sursis de toutes façons, ça ne m’étonne pas qu’elle les ait choisis… »

Ludwig : « Pourquoi tu dis ça ? J’ai bien senti qu'ils se passaient quelque chose de bizarre mais je ne comprends pas… fais gaffe mon frère, tu deviens aussi énigmatique que moi, c’est flippant… "

Artyom : « retournons au bar, je vais t’expliquer. »

Nous rejoignîmes le bar d’un pas pressé, et je passais derrière le comptoir.

Maria : « Hey ! Mais tu fais quoi la Artie ?! … on n’embauche pas à une heure aussi tardive ! »

Artyom montrant une photo sur le mur " Regarde Ludwig, c'est cette femme, qui leur a fait la peau"

Maria : « C'est Violeta Cervantès, une danseuse de flamenco extraordinaire qui a monté ce bar avec son mari, il y a 50 ans, je crois que des hommes du cartel ont tué son mari, il y a longtemps, un sale affaire …ma grand-mère m'a toujours dit que les défunts existent et qu'ils sont parfois autour de nous, mais je n'ai jamais vraiment cru à ce genre d'histoires. »

Je leur racontais que je voyais parfois des défunts et que ceux-ci me demandait par moments de faire des choses qu'ils n'ont pas pu faire de leurs vivant. Je leur dévoilais ce que j'avais vu et ce qui s'était passé, devant les yeux effarés de Maria. 

Artyom : « Je crois que Violeta voulait que ses hommes quittent son bar, elles les détestent et elle s'est servi de moi puis des rats ! »

Chacun parla des histoires chelous qu'ils connaissaient tout en buvant des coups. Nous approchions de la fin du service de Maria, et elle semblait moins fâchée contre Ludwig. Elle se plia au jeux et commença, elle aussi, à nous raconter des histoires et légendes de son pays. Maria fini par nous indiquer un bord de plage sympa ou nous pourrions nous poser pour déguster d’excellents burritos, tout en précisant qu’elle nous rejoindrait quand elle aurait fermé le bar. 

Les deux urathas finirent la soirée assis dans le sable de cette plage non loin de là, une bouteille de Tequila à la main qu’ils se passaient l'un l'autre pour boire des coups en hommage à leur passage de rang.

Artyom : « Ludwig, je suis désolé, je sais que tu n’imaginais pas la soirée comme ça, je crois que j'ai tout gâché encore une fois, Maria doit me détester maintenant ou pire me prendre pour un dingue, un débile. »

Ludwig : « On ne peut pas dire qu'avec toi, tout se passe "normalement" ou comme on l'avait prévu mais c'est ce que j'aime chez toi, si t’étais normal Art, ce serait chiant, tu ne crois pas. Quant à Maria, je crois que tu la sous estimes, elle a l'air plus ouverte que ce que tu crois sur ce genre de sujet, la mort fait partie de leur culture… tu sais les mexicains font même une procession pour Santa de la muerte »

Artyom : « Ah ouai, ce serait cool d'y aller un jour, ce serait sympa, non, je veux dire une de ces processions de Santa de la muerte. »

Ludwig : « Ah mon frère tu changeras jamais ! »

Ludwig se prit un fou rire tout seul face à moi qui le regardait un instant avec des grands yeux puis je finis par rire moi aussi comme un idiot avec mon frère. 

Artyom une fois le fou rire terminé : « Elle est bien Maria... tu devrais la garder… elle est raide dingue de toi, ça ce vois… mais ne lui fais pas de mal s’il te plaît, elle ne le mérite pas… »

Ludwig" Tu sais que c'est compliqué… Mais je te promets, je vais essayer"

Quelques minutes après Maria arrivait sur la plage, elle paraissait un peu agité, elle avait besoin de parler.

Maria : « vous n’allez pas en croire vos oreilles ! Les gars du Cartels que vous avez croisé tout à l’heure vous savez ?! …ben ils se sont fait trouer la peau ce soir, il y avait des flics partout autour du park ! …vous n’y êtes pour rien, j’espère ! »

Ludwig en s’approchant langoureusement de Maria: « Mais enfin, pour qui tu nous prends, on n’est pas des tueurs ; juste des touristes venu faire la fête et se prélasser sur la plage avec de jolies barmaids slach juristes slash future patronne de la DEA… »

Maria : « ho ça va ! Arrête de te payer ma tête, charmeur à dos pesos! … et si c’était Violeta qui était revenu de l’au-delà pour se venger des hommes du cartel? Comme dans l’histoire d’Artyom ?

Artyom : « tu vois, c’est comme je t’ai dit Ludwig, faut que tu la garde, elle est brillante… »

Maria avait compris que nous nous moquions d’elle, et elle commença une bataille de sable en représailles aussi tendre qu’enfantine. 

Ludwig et Maria s’éclipsaient ensuite un petit moment pour discuter pendant que j’admirai les étoiles bercé par le ressac de la marée montante.

Ludwig : « Qu'est ce  que tu regardes Art ? …Allez bouge-toi, Maria est rentré chez elle ; faut qu’on bouge sur Oceanside»

Artyom : « ok j’arrive… mais tu vois cette étoile là-bas ? C’est Sirius ! Elle nous envoie des signes, elle essaie de nous dire quelque chose j’en suis sûr ! »