Juste au-delà du Goulet se trouve le plus proche domaine du monde des esprits, le reflet de ce que nous appelons le monde réel. C’est la Penumbra, la région de l’Umbra la plus proche de la Terre. C’est la destination la plus courante des Garous, qui s’y rendent non seulement pour combattre les êtres malfaisants enclins à corrompre le monde des esprits, mais aussi pour découvrir ce qui se cache derrière la réalité. Tout comme le monde physique est composé de matière, le plan spirituel est fait d’une substance appelée l’ephemera.
Le paysage de la Penumbra ressemble vaguement à celui du monde physique : une rue ressemble toujours à une rue, un parc à un parc. Cependant, seuls les objets dotés d’une grande énergie spirituelle font leur apparition dans ce monde. Si une meute se retrouve dans un square, par exemple, l’herbe et les arbres du monde physique sembleront plus vifs et dynamiques lorsqu’ils seront reflétés dans la Penumbra. La matière qui a survécu au passage du temps trouvera également sa représentation spirituelle dans la Penumbra. Les vieux arbres et bâtiments auront ainsi leur contrepartie solide dans le monde spirituel, alors que les jeunes pousses et les immeubles en cours de construction n’en auront pas. Quand une construction récente y est visible, c’est parce qu’elle est dotée d’une signification spirituelle importante. Il pourrait par exemple s’agir d’une usine vomissant des créations du Ver.
Les forces de la Trinité sont encore plus présentes dans la Penumbra. Les esprits du Kaos prospèrent dans les lieux naturels où les êtres vivants sont vigoureux. Ceux de la Tisseuse pullulent dans les endroits où la technologie foisonne et tissent parfois de fines toiles reproduisant l’arrangement des rues et des câbles qui s’étirent entre les immeubles. Les structures tout juste construites peuvent apparaître comme le vague contour de toiles d’araignée qui n’attendent plus que des esprits viennent les habiter pour prendre une consistance solide. Les téléphones portables, les ordinateurs et les feux de circulation ont chacun leur propre signature distincte. La corruption du Ver est aussi plus évidente et prend de nombreuses formes hideuses. Les cimetières laissés à l’abandon s’effritent, la pollution entache le paysage spirituel comme de la rouille, les lieux de misère et de souffrance ressemblent à des caricatures confuses de leur contrepartie physique. Les esprits du Ver sont attirés par ces lieux, où ils se nourrissent et se reproduisent jusqu’à ce que les meutes de loups-garous procèdent à une purge.
Puisque la Penumbra est le royaume le plus proche du monde physique, le temps et les distances sont à peu près les mêmes que dans la réalité. Un Garou de New York qui se décale du côté ouest de Central Park peut en traverser le reflet spirituel, puis réapparaître à l’est du parc, dans le monde physique (et de façon discrète, espérons-le). S’il court pendant une heure dans la Penumbra avant de revenir, une heure se sera écoulée dans le monde physique. S’il le fait de nuit, il apercevra Luna, le célestin de la Lune au-dessus de lui, et la phase lunaire correspondra à celle observable dans le monde physique. Une fois dans la Penumbra, les lumières de la ville s’estompent et les étoiles brillent avec une intensité rarement observable dans le monde physique.
