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Les chroniques d'Eléonore - 05 - Morituri te salutant

Les histoires rocambolesques d'Eléonore


Dormais-je ?

J’étais confortablement entrain de boire sur un petit jeune en nœud papillon et en slip, du O négatif? humm... c’était si bon… le jeune homme prit un immense plaisir à recevoir ce cadeau que je lui offrais avec délectation.

Je me suis tout à coup senti transporter dans une pièce que je ne connaissais pas.

Une sorte de loft avec un sol lisse, du béton ? Les détails étaient difficile à imprimer, j’y voyais net mais flou, extrêmement bizarre à expliquer.

Il y avait un grand canapé et dessus, un corps, sans visage, avec un pieu énorme planté dans le corps, dans son cœur plus précisément. Je scannais mes émotions, je n’en avais aucune, ni tristesse ni peur. Seulement de l’agacement.

Puis, je me retrouvais assise confortablement, toujours très agacée. Cette odeur, je la reconnaissais, elle ne m'était pas étrangère. L’odeur de … la cruauté. Oui ! Le formol…  un scientifique…  des expériences ? Serais-je revenue à cette époque ?

Il n’y a pourtant ni cri, ni pleure, ni la sensation d’être nue et mouillée sur une chaise attachée.

Non, juste de l’agacement et cette odeur, qui me débecte.

Puis le rêve prend vie, un enchaînement étrange, une chorégraphie sans défaut.

Je tends mon arme et vise à la perfection vers une cible qui est la raison de mon agacement. Je ne cille pas, je touche en plein dans le mille, son ordinateur.

Je ressens de la déception, car si l’outil est mort, son propriétaire, lui, pas encore.

Mais j’ai la sensation que je ne pouvais pas faire mieux à cet instant, seulement viser juste, vite et bien. C’est chose faite.

Je me retrouve ensuite plaquée au mur mais je ne ressens pas de danger.

Je suis sereine, mon agacement est apaisée par ce geste. Seulement un poids sur mon bras armé et au niveau de ma gorge.

Puis le temps change de rythme, tout ce met au ralenti, j’observe ma cible, celle que je rêve d’anéantir. Il se jette sur l’homme sans visage du canapé.

La peur m’étreint, l’effroi…  J’ai la conviction qu’il ne faut surtout pas l’approcher.

Mais l’abruti tire de toutes ces forces sur le pieu empalé dans le coeur de l’homme sans visage. Je ne comprends pas, j’ai la sensation que cela signera ma perte, mais pas seulement.

Une table arrive dans mon champ de vision, elle se projette sur le débile, malheureusement, cela ne l’arrête pas et pire, l’aide dans sa quête d’enlever ce pieu. L’horreur en moi grandie. Le pieu est retiré, la fin est proche, il faut absolument  que je me libère.

Puis ce rêve étrange prend une note orgasmique. L’abrutis ce fait diabler par l’homme sans visage. Oui, le monstre du canapé, qui me parait immense, fort et sanguinaire boit à sa veine, le tète, l’englouti, le vide.

Je crie dans ma tête :

-          «  FAIS LE SOUFFRIR PLUS !!! »

Oui, fais lui mal, déchiquète le, ouvre le en deux sans le tuer, montre lui l’horreur, mange ses organes en le maintenant en vie, pitié, fais lui mal, plus, toujours plus.

Mais s’en ai vite fini de cette cible qui n’en est plus une. Je suis déçue, ce n’est pas de moi, pas de ma main. Il n’a pas assez souffert…


Mais je ris, oui, j’explose d’un rire sans vie, celui d’une folle torturée par sa vie d’avant et sa non vie de maintenant. Je ris d’un rire glaçant.

Ma mère faisait ce rire quand elle me racontait cette histoire avec cette vilaine sorcière au nez crochu. Il sort de loin ce rire, il est pour elle, pour mon frère, mon père, pour eux, pour moi.

Il est mort, la pourriture est morte, j’aimerais l’hurler, l’annoncer à la terre entière :

-          «  le salaud est mort, regardez le, il est mort !! »

Mais j’ai un sérieux problème, un monstre ce tient devant moi, sans visage, mais dégoulinant de sang, du sang de ma cible.

-          « lui ou moi, lui ou nous. »

Ca tourne dans ma tête pendant que ma main se libère, je ne réfléchis plus, mon instinct prend le relai, je vise, je tire. Une balle, deux balles, trois balles, tout le chargeur y passe.

Puis un grand homme apparait à la vitesse de l’éclaire pendant que je tire, encore et encore. Je vois toujours plus au ralenti, son arme qu’il pose à une vitesse fulgurante sous le menton du monstre, il tire lui aussi, une balle, seulement une.

La tête s’arrache, le monstre est mort.

Soulagement.

Silence.

Le serpent et le loup me regarde.

Je me réveille.

Eléonore Dorville