Nous parvenons sans encombres à Combes, où les villageois nous accueillent et nous mènent à la chapelle de la Gardienne. Galienne Tanoé, la femme du bourgmestre élu, nous explique que la Gardienne leur aurait envoyé l’artefact, il y a de cela 6 mois. Un villageois du nom de Cheiron l’a trouvée au pied du portail peu avant une de leurs fêtes.
L’artefact est une armure de grande taille, avec un globe de verre mat au milieu de la « tête ». Les villageois de Combes l’ont couvert de symboles et d’inscriptions gravées.
L’extérieur est constitué de plaques de fer ou d’alliage de fer (composition exacte à faire analyser par un alchimiste). Des traces de rouille sont visibles là où l'artefact est resté au contact du sol humide. De nombreuses marques et usures laissent à penser que l’objet est ancien, ou a subi un usage intensif. De nombreuses fentes sont visibles sur tout le corps.
L’artefact est couvert de deux types d’inscriptions. Plusieurs entailles ou gravures irrégulières ont probablement réalisées avec des pierres dures par les villageois. L’inscription « M1 K3 » est lisible sur le torse. Elle est gravée avec une précision et une régularité ne correspondant à aucun procédé connu. Aucun poinçon n’est visible, mais une analyse complémentaire devra être faite après nettoyage de l’artefact.
Le poids et l’absence de résonance quand on le frappe indiquent que l’artefact est plein, et pas une armure destinée à être portée. Il est difficile d’observer l’intérieur sans démonter l’artefact. On peut apercevoir entre les jointures des engrenages en bois en bon état, et des métaux dont le type reste à définir. Ces métaux ne sont pas oxydés et semblent plus solides que les plaques externes.
L’artefact est très ancien, et similaire à des machines d’Eressie antique déjà répertoriées. C’est une découverte sans précédent : à ma connaissance, aucune machine de ce type n’a encore été observée, et encore moins analysée en profondeur. Certaines légendes font état de golems mécaniques. Une analyse plus approfondie sera nécessaire pour définir si ces récits peuvent être liés à l’artefact.
La sollicitation des fentes fait apparaître des panneaux coulissants permettant d’accéder à des cavités (voir leur position sur le schéma 1). Certaines sont vides, d’autres sont remplies de divers artefacts secondaires (appelés « objets » pour les différencier de l’artefact global par la suite). Les objets sont en excellent état, récents voire contemporains.
Sauf exception (voir plus bas), tous les objets ont une poignée en engrenage et ne sont pas optimisés pour une utilisation humaine. Leur style est particulier, peut-être d’Eress. Je solliciterai l’avis du professeur Parnesius pour confirmation.
Analyse rapide des objets dans les panneaux de l’artefact :
- Un silex (voir schéma 2), les traces indiquent que cet objet a été utilisé pour allumer un feu
- Un set d’ustensiles probablement destinés à l’alimentation ou la cuisine (voir schémas 2, 3 et 4). Ces objets seront qualifiés dans la suite de « couverts »
- Six fioles d’énergie eressienne, pleines et en état de fonctionnement (voir rapport préliminaire pour les sources d’énergies eressiennes). Une grosse fiole est partiellement délogée de sa position dans le dos de l’artefact, et est probablement la source principale d’énergie. Les 5 petites sont en place dans leurs cavités et amovibles. Leur fonction reste à définir – voir schéma 5 et 6.
- Une loupe, une pince, un pinceau (voir schéma 7). Ces objets ressemblent à un kit standard d’archéologue.
- Un set d’outils (voir schémas 9 et 10). Ces objets sont plus adaptés que les autres pour une utilisation par des humains. L’utilité de la plupart des outils reste à définir, mais j’émets l’hypothèse qu’ils sont dédiés à la réparation de l’artefact.
- Un éventail (schéma 11). L’intérêt d’un éventail pour l’artefact est inconnu. Peut-être a-t-il une fonction ventilation, ou est utilisé en conjonction avec le silex pour faire du feu.
- Une boite pleine de tiroirs et de fioles vides (schéma 12). Peut-être destiné au rangement et tri d’échantillons, en conjonction avec le kit d’archéologue.
- Un cylindre de métal avec une extrémité transparente (schéma 13). La partie transparente est un disque de verre, au travers duquel on peut voir un cône réfléchissant avec une perle de verre en son centre. Le disque à l’extrémité opposé est du même métal. L’objet est assez lourd, probablement plein. Son utilisation reste à définir.
- Un instrument optique constitué d’un long cône de métal articulé avec plusieurs lentilles en verre (schéma 14), inutilisable.
Note ultérieure : M1K3 est capable d’utiliser cet objet comme une longue-vue
Note ultérieure : M1K3 possède une arme à distance cachée dans son poignet. Sa main pivote pour l’activer, et l’arme n’était pas visible ou identifiable lors de la première analyse. Le projectile a la forme d’une fine flamme partant à très grande vitesse vers une cible donnée. L’arme fonctionne par tir simple. Malgré son aspect impressionnant, les dégâts semblent limités. Le terme « lance-flamme » fut utilisé pour décrire cette arme, avant que l'artefact ne précise son nom de « laser ».
Note ultérieure : M1K3 parle Venteux couramment, et de nombreuses autres langues. Il est également doté d’une capacité d’analyse impressionnante, et capable de raisonnement logique complexe.
Après inventaire et analyse, l’artefact semble être un serviteur techno-magique, dont les fonctions incluent la préparation de repas, l’analyse et le rangement. L’artefact daterait de l’âge d’or eressien, mais ses « outils » ont été remplacés récemment. Ces outils indiquent une utilisation récente de l’artefact. Les machines eressiennes antiques encore en état de fonctionnement sont extrêmement rares, mais il est possible qu’un entretien régulier (voir « set d’outils ») ait permis de la maintenir en état depuis des siècles.
Les dommages externes (rouille, indentation, rayures, usure) ne peuvent pas être la cause de sa désactivation, et l’artefact n’a pas de trace de choc violent. Les deux hypothèses principales sont un dommage interne ou la mauvaise position de sa source d’énergie principale. Si la machine est en état de fonctionnement, il est possible que le repositionnement de la fiole suffise à la réactiver.
Après accord des patrouilleurs et du porte-étendard, la fiole principale est remise en position le matin suivant, après avoir ôté les 5 petites fioles par précaution. Son activation est visible par l’allumage d’une lumière dans le verre positionné au centre de la tête. L’artefact parle, et s’identifie comme « compagnon senseur explorateur utilitaire M1K3 (aimun-cahtroi) » ou « machine ». Il a une grande amplitude de mouvement, même si des crissements se font entendre (peut-être dus à la rouille).
L’artefact m’analyse et fait part de ses conclusions à voix haute (voir notes de l’analyse orale en copie). Il liste ses fonctions : chroniquer, observer, combattre, protéger, pister. Par la suite, il fera régulièrement référence à quatre missions : analyser, enquêter, explorer, protéger.
Ses capacités sont extrêmement perfectionnées. L’artefact a une grande autonomie et affirme qu’il a conscience de lui-même, être supérieur aux animaux et ressentir des sentiments. Sa mémoire semble effacée, ou inaccessible. Il demande sa fonction, et attache une grande importance à la « mission ».
La porte-étendard Claudius lui demande d’informer les villageois que la déesse les bénit, et que le devoir l’appelle ailleurs. Il répète les instructions, mais ils ne sont pas convaincus.
La présence des orques à proximité préoccupe les habitants, et ils nous demandent de l’aide.
Nous nous dirigeons donc vers la localisation du campement orque. En observant le camp (doté d’une palissade), la custode Kalsum théorise que la tribu a un mode de vie sédentaire, non compatible avec des pillages. Ils sont méfiants envers les humains, mais il pourrait être possible de négocier une paix, voire des liens commerciaux.
La custode Kalsum et le fourrageur Scarmaglione partent en éclaireur pour nouer un premier contact pacifique, pendant que nous attendons plus loin. M1K3 utilise sa longue-vue pour observer la situation, et nous permettre de venir en renfort si besoin.
La description suivante a été élaborée à partir du récit des éclaireurs et de l’analyse de M1K3.
A leur arrivée, un orque de grande taille aux crocs massifs accueille les deux patrouilleurs. La custode Kalsum le salue avec « zîmarum » (paix en language orque), tandis que le fourrageur Scarmaglione leur tend de la nourriture. L’orque éclate de rire et leur demande de lâcher leurs armes, et les accuse de la mort de leur chef de clan. La custode Kalsum clame son innocence et utilise ses connaissances de la culture orque pour le prouver : celui qui tue un chef peut prendre sa place. Elle défie le chef orque en duel honorable, conformément à la coutume orque, mais il refuse, tandis qu’un autre orque lui lance une pierre à la tête.
M1K3, conformément à sa mission « 4-protéger », intervient suite à l’attaque en attaquant à très longue distance avec son lance-flamme (voir l’analyse ci-dessous). Le projectile cause une balafre au chef orque.
Les 7 orques du campement attaquent la custode Kalsum et le fourrageur Scarmaglione. La porte-étendard Claudius mène le reste des patrouilleurs en renfort. Le combat est terminé très rapidement et le chef est fait prisonnier et interrogé par la porte-étendard Claudius.
Le chef orque annonce être en fuite, et ne pas souhaiter la violence. Le fourrageur Scarmaglione parvient à le convaincre que nous n’avons pas causé la mort de sa cheffe. Ils racontent qu’ils appartenaient à un clan beaucoup plus vaste, et que leur cheffe Ugru (chasseuse et guérisseuse) est partie suite à des différents avec le chef en volant son épée.
Par la suite, nous enquêtons sur la mort de la cheffe orque. Elle a été tuée d’une manière humiliante pour la culture orque. Elle a été décapitée, et ses canines ont été arrachées. Elle a été tuée par des mercenaires demi-lycanthropes, qui ont volé son épée. Sa mort est peut-être liée au clan qu’elle fuyait.
Les orques acceptent de se soumettre à la loi impériale et de rejoindre le village orque de Ströhfshan (de stroh foshan : refuge/havre/asile). Les villageois de Combes sont soulagés de voir ce qu’ils percevaient comme une menace s’éloigner.
Suite à ces évènements, nous allons voir le portail, puis les ruines. Il n’y a plus de traces de l’arrivée de M1K3 au pied du portail. Le mur est couvert d’inscriptions (voir rapport de fouilles en copie). M1K3 ne connait pas cette langue, mais est d’une aide incomparable pour l’analyse de ces inscriptions.
Lors du voyage retour, l’artefact a volontiers répondu à mes questions sur ellui (iel montre une préférence pour ce pronom impérial, ainsi que la désignation M1K3 ou M1). Iel a très peu d’information sur ellui-même. Le rapport complet sur ses capacités est joint.
L’article soumis à l’université de Forgemer, sous le titre de « Découverte et analyse de l’artefact technomagique d’Eressie antique auto-désigné comme machine M1K3 », est joint à ce rapport.