17 décembre de l'an 83 de la IVème ère,
Tour de Nolwë (deux heures plus tard)
Chère Mère
Je reprends la plume et je glisserai sans doute ces dernières pages avec ma lettre précédente dans la même enveloppe.
Nous venons de terminer notre assaut sur le camp retranché des gobelins autour de la Tour de Nolwë dont nous sommes évidemment sortis grands vainqueurs. Il faut dire que nous, les descendants de Loknar, sommes des grands stratèges et que des cerveaux goblinoïdes ne pouvaient rien faire contre notre science du combat.
Ainsi donc, suite à l’embuscade de la dernière fois, nous avons rapidement échafaudé une offensive sur deux fronts de l’enceinte tenue par les hurleurs. J’ai rapidement investi le flanc sud en compagnie d’Atalante, tandis que mes autres frères et sœurs menaient bruyamment l’assaut par le flanc occidental. C’est alors qu’Hagbard a percé les défenses gobelines pour se retrouver nez à nez avec le terrible Imolakuk. Leur lutte a été d’une violence foudroyante et Markku puis Atalante ont dû rapidement se porter au secours d’Hagbard qui ne manquait pourtant pas d’ardeur combative.
C’est ainsi que je me suis retrouvé, seul, face à un molosse dégénéré, un hurleur maniant l’arc et surtout à l’immonde Rudock sur sa monture canine. Il m’en a fallu du courage pour ne pas tenter de m’enfuir devant ces 4 adversaires, mais que serait devenu le reste de ma fratrie si je n’avais tenu pied. Croyez-le, chère Mère, ce n’est que cette motivation fraternelle qui m’a fait lutter jusqu’à l’inconscience, car déjà Hagbard s’effondrait sous la violence d’Imolakuk.
J’ai bien sûr réussi à porter quelques dommages à Rudock, mais le guerrier gobelin était lourdement armé et armuré. Avant de tomber sous ses coups, j’ai entrevu Zaath ferrailler contre la magicienne gobeline et Lilith se porter enfin à mon côté, mais surtout Hagbard qui, se relevant comme d’entre les morts, reprenait armes contre le chef des hurleurs.
Heureusement, la dernière blessure que m’a infligée Rudock ne fut point mortelle et mes frères et sœurs ont pu me raconter la fin de la bataille avec la fuite de ce dernier accompagné de la magicienne, et surtout la longue agonie furieuse d’Imolakuk.
Dans sa course, la sorcière des hurleurs a laissé choir sa baguette et sa serpe. Nul doute que ces deux objets nous seront utiles pour la suite.
Chère mère, si des taches brunes viennent maculer cette page, sachez qu’il ne s’agit que de quelques gouttes de sang qui s’échappent encore de mon nez endolori. Mes frères et sœurs m’ont prodigué les premiers soins et je suis à nouveau sur pied. Je n’irai certes pas de sitôt me frotter à une guerrier gobelin du nord mais avec un peu de repos et quelques onguents médicinaux, je recouvrerai vite une pleine santé.
Mais, à l'heure où je vous écris ces quelques mots, nous sommes au pied de la tour de Nolwë et nous savons qu’à son sommet vit une aubergine carnivore géante…
Affectueusement,
Votre Casper qui vous embrasse.