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  1. Journals

13. A L'auberge "Ingigantuspoisonuscarnivorus"

Résumé
2018-12-12

17 décembre de l'an 83 de la IVème ère,
Tour de Nolwë

 

Chère Mère

 

Je vous sais inquiète à mon sujet et j’espère que cette lettre vous rassurera sur ma santé et mon état. Sachez une nouvelle fois que je suis tout à mon aise entouré de mes demi-frères et sœurs. Ils sont certes tous de basse extraction mais le sang de Loknar Le Fidèle coule dans leurs veines et vous savez mieux que quiconque quelle noblesse naturelle cela implique. Certes aussi, la vie à l’orphelinat n’est pas aussi faste qu’au château mais le toit y est sans fuite, la nourriture suffisamment roborative, et cela me sied bien mieux que l’ignoble vie futile d’avant.

à Meerloch (ville), en tout cas, les activités ne manquent pas. Vous ai-je dit, dans mon précédent courrier, que tout nous porte à croire qu’un alchimiste des plus savants et des plus fourbes complote pour faire main mise sur la ville ?( L'homme sombre) Nous faisons tout bien entendu pour l’en empêcher surtout que notre ennemi - car je n’ai guère d’autre nom à lui donner pour l’instant - s’en est déjà pris à Armand Vistüs, le maître de mon frère Markku Stian, l’apprenti alchimiste.

C’est sans doute pour ces raisons que je me suis rendu une nouvelle fois la Tour de Nolwë, où demeurait Armand auparavant (j’écris « sans doute » car vous connaissez mon penchant pour suivre quelque fois mon instinct sans réel motif rationnel). La tour en question est ceinte d’une haute muraille, et l’ensemble est entouré d’une forêt touffue. C’est en restant à l’abri de sa végétation (rassurez-vous) que j’ai pu constater à loisir que les lieux avaient été envahis par une vingtaine de gobelins armés, accompagnés de quelques femelles et d’immondes canidés dont ils se servent comme monture.

 

De ma cachette, la troupe m’a paru être sous les ordres d’un certain Imdakook, un gobelin massif et un plus grand que les autres, vêtu comme un cuisinier et armé d’une feuille de boucher. Le chef en question est secondé par deux lieutenants de la même race. Le premier, un gobelin venant du nord d’après son accoutrement et son allure, gère la partie militaire. Il est armé d’une lance à crochet et monte un affreux ersatz de lévrier. Les autres l’appellent « Rudo'kk ». Le deuxième, ou plutôt, la deuxième est une femelle Krillar habillée de vêtements humains bien trop larges pour sa petite taille, et qui paraît être la magicienne du groupe.

 

La troupe a abattu quelques arbres autour de l’enceinte et semble avoir méthodiquement répandu à la place leurs excréments. Je pense qu’il s’agit de mœurs barbares dont nous ne pourrons connaître la raison qu’à condition de nous mettre dans la peau de l’une de ces viles créatures.

A la nuit tombée, j’ai pu assister à un de leur rite sauvage. Les gobelins se sont mis à faire des feux (ou plutôt des « firr » comme ils disent) pour lesquels ils paraissent avoir une véritable fascination. Puis ils se sont regroupés autour de leur chef peu avant l’apparition, au sommet de la tour, de l’aubergine géante créée par mégarde par l’alchimiste Armand (et dont je vous ai déjà parlée dans une précédente lettre). L’affreux légume, qui a encore grossi depuis notre précédente rencontre, s’est soudain mis à pousser un hurlement terrible dont les effets sur ma personne ont été limités par la distance à laquelle je m’étais posté de la tour. A courte portée, le cri de la créature semble provoquer des dommages sur les êtres vivants mais Imdakook paraît détenir le pouvoir de s’en protéger et d’en protéger les gens autour de lui. Juste après, les gobelins ont participé à un étrange partage : leur magicienne a contenu par ses sorts l’aubergine géante tandis que des sbires ont récupéré des pousses de celles-ci tombées du haut de la tour pour les faire cuisiner par leur chef. En échange, les gobelins ont nourri la créature végétale avec de la chair humaine ou elfique. A ce sujet, leur petite troupe détiend une elfe prisonnière qu’ils passent leur temps à gaver, sans doute dans le but de la faire dévorer par l’aubergine pour que celle-ci atteigne un nouveau stade de son développement monstrueux.

 

Les pousses de la créature végétale ne sont toutefois pas la seule source d’alimentation des gobelins. Ceux-ci ont organisé des rotations d’expéditions logistiques vers le nord-est, sans doute pour récupérer des vivres que leur fait parvenir leur horde.

 

De mon côté, ces constations faites, je m’étais décidé à rentrer à Meerloch et avais pris la route vers la ville lorsqu’en chemin j’ai eu la joie de rencontrer ma fratrie installée en campement à Cœur Vaillant.

 

Après leur avoir fait un compte-rendu de mes activités récentes, nous avons décidé d’un commun accord de reprendre la Tour de Nolwë aux gobelins (ou plutôt aux « hurleurs » comme les nomment mes frères et sœurs – n’y voyez là aucun signe de bêtise, chère Mère, mais leur éducation a été des plus limitée, ce qui n’enlève rien à leur mérite et à leur talent pour survivre). Au lieu d’entreprendre un siège de la place, notre plan a été d’attaquer une de leurs expéditions logistiques lorsque celle-ci se serait éloignée de la tour.

 

Après une longue attente dans le froid et la nuit, notre embuscade a malheureusement tourné court et nous avons dû improviser. Atalante est arrivée malgré tout à attirer les hurleurs vers nous. J’ai réussi à planter un carreau dans un des chiens puis blesser un gobelin en le faisant chuter lourdement. Nous nous sommes débarrassés ensuite sans trop de mal des autres hurleurs avant de nous rendre compte qu’un des chiens s’était échappé.

 

Ces canidés ont-ils développé un langage commun avec leur cavalier ? Sans doute, car la garnison des gobelins de la tour s’est organisée et c’est eux qui nous ont tendu à leur tour une embuscade au détour d’une clairière.

 

Ils nous ont tout d’abord lancé ce qui semblait être une lanterne éteinte (qui s’avèrera plus tard être une cage) que j’ai réussi à toucher d’un carreau d’arbalète mais qui a néanmoins atterri non loin de notre groupe.

De la cage s’est extirpé une petite créature similaire à un lutin, ou plutôt un diablotin, et nous avons alors ressenti comme un malaise presque perceptible. Nos gestes sont devenus gauches et nos actions hasardeuses. Au même instant, deux escouades de gobelins sont sorties des fourrés pour nous prendre en tenaille. Hagbard, toujours prompt au combat, s’est élancé vers les hurleurs les plus éloignés en compagnie de Lilith. Zaath et Markku s’occupaient du diablotin, tandis qu’Atalante s’est retrouvée encerclée par le second groupe des gobelins mené par Rudo'kk qui lui a fouraillé sa lance à crochet dans le flanc. N’écoutant que ma fougue, je me suis élancé pour lui porter secours, mais le lieutenant d’Imolakuk était lourdement armuré et mes coups n’ont pas porté. A ma grande horreur, j’ai vu Rudo'kk plonger une seconde fois sa lance de cavalier dans le corps chétif de ma sœur. Celle-ci était visiblement au bord de défaillir, mais utilisait ses dernières forces pour se défendre. Pour ma part, je redoublai d’énergie pour, au moins, détourner l’attention de Rudo'kk d’Atalante ; mais malgré toute ma volonté, l’armure du gobelin du nord arrêtait une nouvelle fois mes attaques. Les autres hurleurs s’apprêtaient à s’abattre sur nous, lorsque je sentis la présence de Markku dans mon dos. Ce dernier avait laissé Zaath s’occuper du lutin et était venu nous amener sa précieuse aide !

 

Est-ce les dernières forces d’Atalante à se défendre, est-ce mon agressivité vaine mais visible à vouloir terrasser Rudock, est-ce le renfort bienvenu de Markuu ? Je ne sais. Mais à mon grand étonnement, le gobelin du nord s’est extirpé soudainement du combat pour fuir. Sa manœuvre fut rapide et imparable mais, peu importe, Atalante était sauvée.

Nous avons fini de vaincre les autres hurleurs désorganisés sans leur leader et pansé nos blessures.

 

Entre-temps, Zaath a pris de soin d’emprisonner à nouveau le lutin démoniaque dans sa cage et Atalante vient de réussir à communiquer avec lui. La petite créature n’est pas des plus bavardes mais nous avons appris son nom « l’Ombre Blanche ».

 

Chère Mère, je vous écris ces derniers mots depuis la clairière où s’est déroulé ce dernier combat. Il va nous falloir reprendre quelques forces et mettre sur pied un nouveau plan pour prendre la Tour de Nolwë à des ennemis qui connaissent maintenant notre présence. La tâche sera ardue mais je ne doute pas de notre réussite, car le sang de Loknar coule dans nos veines.

 

Recevez, chère Mère, l’expression de mes tendres sentiments.

 

Votre fils dévoué,

Casper